Lisant Docteur Pasavento d’Enrique Vila Matas, dont l’action se déroule principalement à l’hôtel de Suède, rue Vaneau, je décide, sur un coup de tête, de me rendre au cinéma dans un quartier que je ne connais pas du tout. Une fois sur place, je tombe, bien évidemment, sur l’hôtel de Suède dont j’ignorais jusqu’à l’existence avant de lire ce livre et, en tout cas, la localisation exacte (j’apprendrai par la suite que Godard y tourna à bout de souffle, mais Vila Matas le savait-il seulement ?). J’attends un moment au pied de l’immeuble, m’attendant à voir surgir Vila Matas lui-même, ou à défaut, l’un de ses doubles plongé dans la rédaction d’un microgramme walserien. Je me rends ensuite dans un square où les pères de famille ressemblent tous à François Fillon, où les vieux messieurs portent des polos Lacoste et où le simple carillon des églises prend tout de suite des allures de glockenspiel. Je réalise ensuite que je connais déjà ce square pour m’y être rendu par accident il y a vingt-cinq ans. J’y avais alors écrit l’un de mes tout premiers poème en vers, que j’avais intitulé Les Filles de la charité. Ce faisant, je comprends que je suis moi-même en train de faire du Vila Matas, que ce texte que j’écris à présent pourrait bien être un microgramme du Docteur Pasavento et que les bons livres sont donc des organismes très contagieux.
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