Un accident a voulu que je me rende à nouveau dans ce quartier que je ne fréquente plus depuis longtemps. J’y suis retourné comme un vieux rentrant d’exil. Tout y a changé (pas grand-chose en vérité, mais l’éloignement, dans le temps, confit les souvenirs comme un formol amer). Cet endroit qui s’est trouvé au centre de ma vie lorsque j’étais étudiant n’a plus aucune signification pour moi. L’espace est un réceptacle vide que l’on peuple avec nos émotions et nos souvenirs. La population était différente. La ville, en été, semble se purger de sa jeunesse. On n’y trouve plus que des vieillards oubliés, des touristes et des cadres livrés à eux-mêmes pendant que femmes et enfants s’ébattent sur les plage. Une fois les examens terminés, les jeunes fuient la cité comme une hémorragie de sang frais. J’ai voulu faire des photos, mais le cœur n’y était pas. Croyez-moi, il faut du cœur pour ces choses-là. J’ai alors commis l’erreur de chercher une librairie que je connaissais bien et qui a été remplacée par un garage Mini. Je suis entré dans l’université et, au milieu des écrans, me suis aperçu que la loge du gardien avait été remplacée par une boutique qui vend du merchandising aux couleurs de l’école. Pourtant, le changement est une marque qui ne devrait pas me déplaire. Peut-être suis-je entré par mégarde dans la seconde moitié de ma vie qui semble consister, pour l’essentiel, à regretter la première ?
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